L'objectif de ces entretiens est de discuter avec des membres seniors de l’ILCB  et de la Fed3C sur trois thèmes principaux:

1) Parcours scientifique : Comment en es-tu arrivé à t’intéresser à ton thème de recherche ? À le développer ? Quelles sont les personnes qui ont joué un rôle marquant dans ta carrière scientifique ?

2) Dynamique de la science : Comment perçois-tu l’évolution des modèles scientifiques dans ton domaine ? Comment tes recherches se situent-elles par rapport aux modèles dominants ? À ton avis, comment ces modèles ont-ils évolué au cours de ta carrière ?

3) Evolution du métier de chercheur·se/d’enseignant·e-chercheur·se et des pratiques : Comment perçois-tu l’évolution de ton métier ? Quels sont les changements principaux que tu as notés ? As-tu la même envie de faire de la recherche maintenant que lorsque tu as commencé ?

Ces entretiens se veulent conviviaux avec une valeur de témoignage. Ils ont été réalisés par Mireille Besson et Vincent Hok, respectivement chercheuse et enseignant-chercheur en neurosciences cognitives.

 

Christine Meunier

Après un DEA et un doctorat de phonétique en 1994, réalisé sous la direction de Mario Rossi, j’ai réalisé un stage de post-doctorat durant 4 ans à Genève dans le laboratoire de Psycholinguistique du Prof. U.H. Frauenfelder où j’ai travaillé sur la reconnaissance des mots parlés. J’ai intégré le CNRS en 1998, et j’ai rejoint le Laboratoire Parole et Langage (LPL) à Aix, à l’époque où Bernard Teston en était le directeur. J’ai été responsable de plusieurs projets de recherches financés par le programme Cognitique d’abord, puis par L’ANR et le Labex BLRI. J’ai également siégé dans différents comités dont le comité national du CNRS (section 34). Mes activités de recherche m’ont conduit à encadrer plusieurs doctorants et post-doctorants. De 2010 à 2017, j’ai été Directrice adjointe du LPL et depuis janvier 2023, j’en suis la directrice.

Mon domaine de recherche est l’étude de la production et de la perception des sons du langage qui sont observés dans le cadre des interactions entre les différents niveaux d’organisation du langage parlé. Mes travaux récents se focalisent sur les phénomènes de réduction de la parole dont la survenue est souvent liée à des processus lexicaux, syntaxiques ou discursifs. J’ai également étudié ces phénomènes en parole pathologique (dysarthries, cancers ORL, etc.). On observe alors que certaines variations phonétiques opèrent une forme de régulation articulatoire dans nos productions orales. Enfin, j’ai eu la chance de collaborer avec des chercheurs en informatique sur l’analyse de très gros corpus de parole, mais aussi, plus récemment, sur la reconnaissance de la voix en criminalistique.

L'entretien

 

 

 

 

Philippe Blache

Après avoir suivi un double cursus en informatique et en linguistique, j’ai obtenu mon doctorat d'informatique en 1990, dans le domaine du traitement automatique des langues naturelles, entre Montréal et Marseille. J’ai ensuite été ingénieur de recherche à l’EPFL (Lausanne) avant d’obtenir un poste de Maître de Conférence l'Université de Neuchâtel (Suisse). J’ai intégré le CNRS en 1993 et ne l’ai plus quitté. J’ai eu au cours de ma carrière plusieurs responsabilités : directeur du laboratoire 2LC à Sophia Antipolis, puis du laboratoire LPL à Aix, directeur du Labex BLRI puis de l’Institut Convergence ILCB. J’ai également assuré de nombreux mandats électifs à l’Université comme au CNRS.

Mon domaine de recherche est la communication humain-machine en langage naturel, je travaille plus particulièrement sur la modélisation et le développement de systèmes permettant de décrire les processus d'interaction. Mes travaux portent actuellement sur l'étude de l'interaction naturelle multimodale, l'analyse des facteurs de complexité du traitement linguistique, leur modélisation et leurs bases cérébrales. Je réfléchis au développement d'une théorie générale du langage permettant notamment de répondre à ces problématiques. J'ai été responsable de nombreux projets de recherches, dont l'un a conduit à la création d'une start-up dans le domaine de l'aide à la communication pour personnes handicapées.

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Bruno Poucet

Après un doctorat obtenu en 1981 et un séjour de recherche postdoctorale au Canada et aux USA, j'ai été recruté au CNRS en 1985. Promu directeur de recherche en 1996, j'ai pu animer une équipe de recherche centrée sur les bases neurales de la cognition spatiale, qui s'est développée petit à petit et compte actuellement une dizaine de membres. De 2002 à 2017, j'ai dirigé le Laboratoire de Neurosciences Cognitives de Marseille, et de 2008 à 2017 l'Institut Fédératif de Recherche "Sciences du Cerveau et de la Cognition".

Mon domaine de recherche concerne les bases cérébrales de la navigation et de la mémoire spatiale chez les rongeurs. Le réseau neuronal étudié comprend l'hippocampe et plusieurs régions corticales dont le rôle est étudié grâce à différentes techniques incluant entre autres l'inactivation de régions cérébrales spécifiques et l'enregistrement de l'activité électrophysiologique unitaire chez l'animal en comportement. Je me suis particulièrement intéressé à la façon dont les cellules principales de l'hippocampe sont impliquées dans la navigation spatiale et dans la mémorisation des emplacements qui constituent le but des déplacements orientés. Dans le même esprit, j'ai aussi travaillé sur les activités neurales du cortex préfrontal. Au fil des années, le réseau qui m' a intéressé s'est étendu à de nombreuses autres aires cérébrales (cortex visuel, pariétal, et dernièrement rétrosplénial, ainsi que différents noyaux thalamiques). J'ai aussi eu la possibilité de développer une activité de modélisation grâce à plusieurs collaborations avec des ingénieurs et des roboticiens. Bien qu'à la retraite depuis quelques mois mais ayant obtenu l'éméritat, je continue à participer de façon épisodique à l'activité scientifique de l'équipe !

L'entretien

 

 

 

 

 Jonathan Grainger

J’ai obtenu une licence de Psychologie à l’université de Manchester (UK) et un doctorat en Psychologie Expérimentale à Paris V en 1986. Après un post-doc à l’Institute for Perception Research à Eindhoven (Pays-Bas), j’ai été recruté au CNRS au Laboratoire de Psychologie Expérimentale (Paris V) en 1988. J’ai créé et dirigé (2000-2012) le Laboratoire de Psychologie Cognitive à l’Université de Provence à Aix-en-Provence, laboratoire qui a ensuite été déplacé à Marseille dans le cadre de la création du Pôle 3C sur le site St. Charles en 2005. J’ai fait ma thèse sur la compréhension du langage chez les personnes bilingues, et par la suite mes recherches se sont focalisées sur le traitement des informations orthographiques, phonologiques, et morphologiques pendant la lecture. J’ai obtenu une première bourse ERC en 2009 pour un projet de recherche sur le codage orthographique, et une deuxième bourse ERC en 2017 pour un projet sur le traitement en parallèle des informations orthographiques pendant la lecture de phrases. J’ai reçu la médaille d’argent du CNRS en 2011 et le prix « Bartlett » (Experimental Psychology Society, UK) en 2016. J’ai organisé la conférence de la société Européenne de Psychologie Cognitive (ESCoP) à Marseille en 2007, et j’ai présidé cette société entre 2014 et 2016.

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